"Bulle de Forêt", c'est le lieu de vie de Stéphane et Séverine, deux conteurs-planteurs-cueilleurs. Ensemble, ils ont créé il y a quelques années "Le Voyage de l'Arbre à Lire", une entreprise d'animation culturelle. En bref, ils écrivent, illustrent et lisent des histoires au kamishibaï (ou "théâtre de papier" en japonais) en itinérance : ils se déplacent dans les écoles, bibliothèques, collectivités en tout genre pour sensibiliser les jeunes et moins jeunes à la nature, aux arbres et au bien-vivre ensemble. En 2021, après un ras-le-bol généralisé de la surconsommation et de la perte de sens de la société, ils ont décidé de rendre concrets les messages présents dans leurs histoires et ainsi d'aménager un lieu où il serait possible de planter, cueillir, créer, observer, expérimenter, vivre tout simplement. De là est née "Bulle de Forêt", un lieu d'accueil et d'échange (visites, ateliers pratiques ou créatifs). Une bulle car le cercle a une grande importance dans leurs histoires et leur approche du monde inspirée des peuples natifs ; une forêt car le but est de créer une forêt gourmande, nourricière, de recréer un sol fertile sur une ancienne prairie et d'aménager des zones de vie pour la biodiversité alentour.

De l'importance de l'eau

La toute première préoccupation des deux planteurs a été l'eau. Cette source de vie magique qui tend à manquer. Le réseau de récupération d'eau de pluie a donc été le premier aménagement réalisé à Bulle de Forêt : une dizaine de cuves de 1000L raccordées aux gouttières bien sûr, mais également la transformation d'une piscine (installée par les anciens propriétaires) en réserve d'eau. 

Puis un système de tuyauterie sous terrain, et de raccords, permettent d'arroser les différentes zones de production pendant les périodes sèches estivales : potager, serres, jeunes arbres fruitiers.

De l'importance des arbres

La seconde préoccupation des deux planteurs-cueilleurs : planter assez d'arbres pour aider les sols, privilégier l'ombre que ce soit sur les prairies ou le potager, accentuer les zones humides... bref, mettre l'Arbre en avant partout sur le terrain car ils sont persuadés que les Arbres sont une des solutions face aux crises climatiques et sociales à venir. Du coup, chaque automne, ils plantent, plantent, plantent des arbres (fruitiers principalement, car la générosité de la nature leur permettra non seulement de profiter des bienfaits des arbres mais aussi de récolter une nourriture saine). Bientôt 200 arbres en 2 ans, et ils ne comptent pas s'arrêter là. 

La zone tampon 

Bulle de Forêt a la chance d'être entourée à 80% de grands et vieux arbres locaux : hêtres, charmes, chênes, aubépines, noyers, châtaigniers. Les 20% restants sont en cours de plantation pour protéger non seulement du vent mais aussi de la vue d'une ancienne grange d'un voisin agriculteur à la retraite. 

Dans les grands arbres, des centaines d'oiseaux vivent pour le bonheur des yeux et des oreilles. 

La zone "Hotspot" 

Une grande partie de Bulle de Forêt était utilisée comme pâtures à moutons. Donc heureusement aucun engrais ou produit de synthèse utilisés depuis plusieurs générations, de plus la terre est belle sur une bonne profondeur. Donc une fois les deux cueilleurs arrivés, fini le fauchage et la tonte abusive. Les prairies sont laissées à fleurir et les arbres spontanés ne sont plus coupés (prunus sauvages, chênes, noyers notamment). La nature reprend ses droits et les insectes et animaux en sont bien contents ! 

Mulots, chauve souris, hérisson, oiseaux de toutes les couleurs (mésanges, chardonnerets, tourterelles, merles...), papillons, abeilles, bourdons... Tout le monde semble y trouver son compte. (Bulle de Forêt s'est d'ailleurs enregistrée "refuge LPO").

La prairie est un peu "aidée" depuis quelques mois pour remplacer l'abondance de graminés par quelques fleurs de prairie et plantes mellifères : coquelicots, bleuets, bourrache notamment.

Des aménagements aussi sont placés pour inciter à la reproduction et à la vie en règle générale : hôtel à insectes, mare fleurie (bienvenue chers libellules, grenouilles, crapauds), nichoirs et mangeoires à oiseaux, corridor pour hérissons, pour ne citer que ceux-ci.

Une zone "marécageuse" est aussi en cours de réalisation pour permettre de disperser les zones d'eau sur le terrain et aider les animaux en période de fortes chaleurs à boire et à s'abriter.

La zone de production ou "la joie de cuisiner ses récoltes"

Il y a une quarantaine d'années, un verger a été planté en bordure de l'actuel potager. On y trouve des pommiers et poiriers. De quoi ravir les papilles le temps que les arbres fruitiers plantés ces deux dernières années prennent le relais. 

Cette forêt nourricière en plantation compte des dizaines de variétés différentes pour essayer de récolter des fruits quasiment toute l'année mais aussi de proposer aux abeilles et butineurs des fleurs sur une période la plus large possible : plaqueminiers, pommiers, cognassiers, cerisiers, pruniers, amélanchiers, pêchers, ....

Enfin, le potager, zone de production à proprement parler, est conduit avec une forte inspiration de permaculture, même si les étiquettes officielles ne sont pas le fort de Stéphane & Séverine. Leur idée est de planter de manière sensée et raisonnée : pas de produit chimique (zéro, nada, never!), du paillage en quantité pour protéger de la sécheresse, un coup de pouce avec du fumier ou du purin de consoude et ortie de temps en temps (plantes présentes en quantité sur le terrain), des légumes adaptés au climat du lieu. Pas encore des professionnels au potager, ils tentent, expérimentent et essaient de faire au mieux pour viser une autonomie alimentaire (pour des raisons éthiques et de santé).

Le potager s'étale aussi dans différentes serres et verrières. Pas de tunnel en plastique ici, par choix et pour des questions d'esthétique (car le beau invite au bon et vice-versa). L'occasion d'expérimentation plus poussées : épices, fruits exotiques et surtout (!) semis au printemps (l'autonomie passant aussi par une certaine autonomie au niveau des semences).

L'autonomie comme maître-mot

Faire soi-même est une façon de vivre : cela va du bricolage, à la cuisine, en passant par le potager et l'écriture d'histoire. Le Voyage de l'Arbre à Lire, à travers sa Bulle de Forêt, essaie de se libérer de la pression sociale qui incite à la consommation et au laisser-aller. 

C'est plus sain et plus logique vu l'état du monde actuel. 

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